Phytothérapie

Reflux gastro-œsophagien et cancer de l’œsophage


Le cancer de l’œsophage survient lorsque des cellules cancéreuses se développent dans l’œsophage – le tube musculaire qui permet le passage des aliments de votre bouche à votre estomac. En général, le cancer survient à l’intérieur de la paroi de l’œsophage, puis envahit les parois externes avant de métastaser (se propager) dans les autres organes. Au début, il peut n’y avoir que peu de symptômes – et parfois il n’y en a aucun. Mais à mesure que le cancer évolue, des difficultés de déglutition peuvent survenir.
Chaque année, on enregistre environ 18 000 nouveaux cas de cancer de l’œsophage et 15 000 décès99. Les principaux facteurs de risque sont le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et le reflux gastro-œsophagien (RGO), qui sont des remontées acides de l’estomac dans l’œsophage, brûlant la paroi interne et entraînant une inflammation susceptible à terme de donner lieu à un cancer. En plus d’éviter le tabac et l’alcool (même une consommation d’alcool modérée semble augmenter le risque100), la chose la plus importante que vous puissiez faire pour prévenir le cancer de l’œsophage est de remédier au reflux gastro-œsophagien – et on y parvient souvent par l’alimentation.

Reflux gastro-œsophagien et cancer de l’œsophage

Le reflux gastro-œsophagien est un des troubles les plus courants de l’appareil digestif. Les symptômes usuels sont des brûlures d’estomac et des régurgitations acides, qui peuvent laisser un goût amer dans la bouche. Le RGO entraîne des millions de visites chez le médecin et d’hospitalisations chaque année et, de toutes les maladies digestives aux États-Unis101, c’est lui qui coûte le plus cher. L’inflammation chronique causée par le reflux gastro- œsophagien peut entraîner un œsophage de Barrett, un état pré- cancéreux impliquant des changements au niveau de la paroi de l’œsophage102. Pour prévenir l’adénocarcinome, la forme la plus courante du cancer de l’œsophage aux États-Unis, on doit interrompre cet enchaînement – et cela veut dire en premier lieu interrompre le reflux acide.
C’est un défi de taille aux États-Unis. Au cours des trois dernières décennies, la fréquence du cancer de l’œsophage a été multipliée par six103 – une augmentation plus importante que celle du cancer du sein ou de la prostate, principalement due à la hausse du reflux gastro-œsophagien104. Environ un Américain sur quatre (28 %) souffre d’au moins un épisode de brûlures d’estomac et/ou de régurgitations acides par semaine, alors que cela ne touche que 5 % de la population en Asie105. Cela semble indiquer que les facteurs nutritionnels jouent sans doute un rôle déterminant.
Au cours des deux dernières décennies, environ 45 études ont examiné le lien entre l’alimentation, l’œsophage de Barrett et le cancer de l’œsophage. Les facteurs les plus fréquemment associés au cancer sont la consommation de viande et les repas riches en graisses106. Il est intéressant de noter que différentes viandes sont associées à différents cancers. Tandis que la viande rouge semble fortement liée au cancer de l’œsophage, les volailles semblent plutôt liées au cancer situé au niveau de la jonction entre l’estomac et l’œsophage107.
Comment cela se produit-il ? Dans les cinq minutes qui suivent la consommation de graisses, le sphincter situé en haut de l’estomac – qui joue un rôle de valve pour maintenir la nourriture à l’intérieur de l’estomac – se détend, permettant à l’acide de remonter dans l’œsophage108. Par exemple, un test réalisé avec des volontaires a montré que ceux qui avaient consommé un repas très riche en graisses (un hamburger à la saucisse, à l’œuf et au fromage de McDonald’s) avaient eu davantage de remontées acides que ceux qui avaient mangé un repas moins gras (des pancakes de McDonald’s109). Cet effet peut être dû en partie à la libération d’une hormone appelée « cholécystokinine », sécrétée lors de l’absorption de viande110 et d’œufs111, également susceptible de détendre les sphincters112. Cela pourrait expliquer pourquoi les consommateurs de viande souffrent deux fois plus de reflux gastro-œsophagien que les végétariens113.
Même en faisant abstraction du risque de cancer, le RGO peut à lui seul entraîner des douleurs, des saignements et des lésions, ainsi qu’un rétrécissement de l’œsophage susceptible d’entraver la déglutition. Des milliards de dollars sont dépensés pour l’achat de médicaments destinés à soulager les brûlures d’estomac et le reflux gastrique en réduisant la quantité d’acide produite par l’estomac, mais ces médicaments peuvent contribuer à des carences nutritionnelles et augmenter le risque de pneumonie, d’infections intestinales et de fractures osseuses114. Une meilleure stratégie consisterait peut-être à faire en sorte que l’acide reste à sa place en réduisant la consommation d’aliments qui favorisent les remontées acides.
La protection apportée par une alimentation d’origine végétale ne se limite cependant pas à réduire les aliments nocifs. Axer votre régime sur des aliments d’origine végétale riches en antioxydants peut diviser de moitié votre risque de développer un cancer de l’œsophage115. Les aliments les plus protecteurs contre les cancers situés au niveau de la jonction entre l’estomac et l’œsophage sont les légumes rouges et orange, ainsi que les légumes à feuilles vert foncé, les baies, les pommes et les agrumes116, mais tous les végétaux non raffinés présentent l’avantage de contenir des fibres.

Fibres et hernie hiatale

Tandis que la consommation de graisses est associée à une augmentation du risque de reflux, l’ingestion de fibres semble réduire ce risque117. Une consommation importante de fibres peut réduire jusqu’à un tiers118 l’incidence du cancer de l’œsophage, en contribuant à prévenir la cause profonde du reflux gastro-œsophagien : la hernie, c’est-à-dire le passage d’une portion de l’estomac dans la cage thoracique.
La hernie hiatale se produit lorsqu’une partie de l’estomac est poussée vers le haut à travers le diaphragme, dans le thorax. Plus d’un Américain sur cinq souffre d’une hernie hiatale. En revanche, cette pathologie est presque inexistante parmi les populations dont l’alimentation est essentiellement composée de végétaux : chez elles, le taux est proche de un pour 1 000119. On pense que cela s’explique par l’évacuation aisée de selles larges et molles120.
Les personnes qui consomment peu d’aliments complets d’origine végétale ont des selles plus petites et fermes qui peuvent être difficiles à évacuer. (Voir l’encadré page 105.) Si vous forcez régulièrement pour évacuer vos selles, au fil du temps la pression accrue peut pousser une partie de l’estomac vers le haut et le faire sortir de l’abdomen, permettant ainsi à l’acide de remonter vers la gorge121.
Mais cette pression consécutive à des efforts répétés aux toilettes, semaine après semaine, peut entraîner d’autres problèmes, comme des sortes de hernies au niveau de la paroi du côlon, un état appelé « diverticulite », ou un reflux de sang au niveau de l’anus, causant des hémorroïdes, et même un reflux de sang au niveau des jambes, à l’origine de varices122. Une alimentation riche en fibres peut alléger la pression dans les deux sens. Les personnes qui suivent un régime alimentaire riche en végétaux complets ont tendance à bénéficier d’un transit facile, de sorte que leur estomac reste à sa place123, ce qui réduit les remontées acides impliquées dans un de nos cancers les plus meurtriers.

Les fraises peuvent-elles inverser l’évolution du cancer de l’œsophage ?

Comme celui du pancréas, le cancer de l’œsophage est l’un des diagnostics les plus graves que l’on puisse imaginer. Le taux de survie à cinq ans est de moins de 20 %124, et la plupart des patients meurent dans la première année qui suit le diagnostic125. Cela souligne le besoin de prévenir, d’interrompre ou d’inverser le processus de la maladie le plus tôt possible. Les chercheurs ont décidé de tester l’efficacité des baies avec une étude clinique randomisée portant sur des patients souffrant de lésions précancéreuses de l’œsophage. Les sujets ont consommé 30 à 60 g de fraises lyophilisées chaque jour pendant six mois – l’équivalent de 500 g de fraises fraîches126. Tous les participants souffraient d’une maladie précancéreuse légère à modérée au début de l’étude mais, étonnamment, la progression de la maladie a été inversée d’environ 80 % chez les patients du groupe qui consommaient une grande quantité de fraises. La plupart des lésions précancéreuses ont soit régressé, passant de modérées à légères, soit totalement disparu. La moitié des participants qui suivaient le traitement consistant à consommer de grandes quantités de fraises n’étaient plus malades à la fin de l’étude127.

La consommation de fibres n’a pas pour seul effet de relâcher la pression. L’être humain a évolué en consommant d’énormes quantités de fibres, nous pensons même qu’il consommait un excédent de 100 g par jour128. C’est environ dix fois plus que ce que consomme un individu moyen aujourd’hui129. Comme les plantes ne courent pas aussi vite que les animaux, l’alimentation d’autrefois avait tendance à être composée de beaucoup de fibres. En plus de faciliter votre transit, les fibres se lient aux toxines, telles que le plomb et le mercure, et les éliminent130. Notre corps est conçu pour recevoir en continu de grandes quantités de fibres, de sorte qu’il puisse se débarrasser de déchets indésirables tels que l’excès de cholestérol et d’œstrogènes dans les intestins, qui sont censés être ensuite éliminés. Mais si vos intestins ne sont pas en permanence remplis de végétaux, seule source naturelle de fibres, les déchets indésirables peuvent être réabsorbés par votre organisme, empêchant ainsi son processus naturel de détoxification. Seuls 3 % des Américains atteignent l’apport minimal journalier recommandé en fibres, ce qui en fait une des principales sources de carence en nutriments aux États-Unis131.
Dr Michael GREGER, in “Comment ne pas mourir
=> Notes de lectures
Article reproduit avec l’aimable autorisation des éditions BELFOND.
N’hésitez pas à acheter le livre contenant plus de 570 pages de conseils élaborés par un médecin spécialiste de l’alimentation végétale.

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 Florian KAPLAR
Diététicien-Naturopathe
© Naturo-Passion.com

14 réflexions sur “Reflux gastro-œsophagien et cancer de l’œsophage

  • La majorité des RGO disparaissent en quelques jours en augmentant légèrement la quantité de sel de table marin absorbé et de préférence en dehors des repas.
    Eh oui, le sel marin, de formule principale chimique “Chlorure de Sodium” (NaCl) va rétablir la nature qualitative acide de votre estomac. Le Chlore ingéré dans l’estomac vide, sera utilisé pour fabriquer un acide Chlorhydrique optimal… pour une meilleure digestion et une diminution voire la disparition des RGO.
    Pour cela, c’est très simple : 30 minutes avant le repas, prenez une petite pincée de sel, mettez-la en bouche, laissez-la fondre lentement, avalez-la puis buvez 2 bonnes gorgées d’eau pour étancher la soif provoquée par le sel.
    Pour les sceptiques, demandez-vous simplement pourquoi on met des blocs de sel dans les prés à disposition des vaches, chevaux, moutons… et animaux sauvages par la même occasion !!!

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    • Non, si le sel peut soulager le RGO dans certaines situations, il ne peut en aucun cas constituer la réponse définitive au RGO car il ne traite pas la cause. Et l’augmentation de la consommation du sel de table n’est pas une recommandation santé.

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      • C’est juste votre point de vue Florian Kaplar… mais vous comprenez que votre “non” ne peut être une vérité absolue 🙂
        La simple pincée de sel a été expérimentée par ces milliers de personnes : ça fonctionne, c’est juste de la chimie naturelle de la vie !!!
        Et quelles sont d’après vous la cause des RGO dans un contexte physiologique normal ?

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        • Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, mais je concède que sur ce point nous ne sommes pas d’accord. Pouvez-vous nous communiquer la documentation qui validerait votre affirmation selon laquelle des milliers de personnes ont expérimenté le sel avec succès contre le RGO ? Les études indiquent au contraire que le sel est un facteur de risque de RGO et que les personnes atteintes qui ont réduit leur consommation de sel ont atténué leurs douleurs. L’alimentation occidentale étant à la base trop salée en raison de la teneur en produits industriels et en salaisons (charcuterie notamment), je ne recommande pas d’augmenter la consommation de sel. Et pour info, le RGO est symptomatique d’un contexte physiologique ANORMAL, avec causes possibles multiples. Seul un suivi individualisé avec le patient permet de trouver la cause de la cause et ensuite de la traiter.

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        • Bonjour Marc, je n’ai pas expérimenté “la pincée de sel” mais je crains que ça ne soit vraiment pas suffisant dans mon cas de RGO qui est essentiellement “mécanique” dans la mesure où j’ai une béance + hernie hiatale et que l’acide remonte dans mon œsophage principalement la nuit et ce même si je dors un peu assise .Il y a , chez les malades de RGO, beaucoup de contextes physiologiques anormaux qui hélas ne peuvent solutionner leur pathologie avec une simple pincée de sel (même celui de l’Himalaya !).

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  • Tout à fait d’accord avec Marc,le vrai sel de mer ou encore mieux le sel rose de l’Himalaya font des miracles sur le RGO !

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    • Lysianne G

      Bonjour Monique , tout dépend des causes du RGO ! beaucoup de personnes qui digèrent mal se trouvent bien avec une cuillerée de bicarbonate par ex. ou tout autre “remède de grand-mère” , perso je peux vous dire que ça ne me fait absolument rien du tout ou si peu que ça n’empêche pas la survenue tôt ou tard d’une oesophagite très douloureuse …

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  • Bonjour, j’ai une hernie hiatale et des remontées acides qui me faisaient avoir des quintes de toux jours et nuits, je dormais assise les nuits. Depuis que je prends de l’ail régulièrement chaque jour ma toux persistante et épuisante a disparu ainsi que tout autre brûlure de l’estomac et œsophage. Je prends aussi régulièrement un mélange de bicarbonate et de vinaigre de cidre non pasteurisé par cure et je peux dire que je suis guérie. Je ne mange quasiment pas de viandedes que des œufs et peu de produits sucrés ni de farine blanche.depuis l’ail cela fait 4 mois que je ne tousse plus du tout.

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  • Bonjour,
    Mon époux a des remontées acides le médecin lui a prescrit le médicament dont vous parlez sur votre blog en 20mg. Faut-il qu’il le supprime ? J’ai lu dans les commentaires que le chlorure de sodium était pas mal d’après le commentaire de Marc du 22.09.2017. J’ai également lu le commentaire de Isabelle qui prends un mélange de bicarbonate et de vinaigre de cidre non pasteurisé par cure. Celà m’intéresse beaucoup si elle me lis pourrait-elle m’en dire un peu plus ? C’est à dire la quantité de bicarbonate et vinaigre de cidre, en cure de combien de jours ? Merci. Par ailleurs faudrait-il aller prendre RDV avec un Naturopathe.

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  • Bonjour, c’est Isabelle, je bois chaque jour à jeun 1/2 cuillère à café de bicarbonate de soude mélangée à 2 cuillères à soupe de vinaigre de cidre bio non pasteurisé dans un grand verre d’eau. Aussi avant de dormir pendant quinze jours. Mais ce qui a fonctionné pour moi c’est de l’ail râpé que je rajoute aux olives comme à l’apéro. J’en consomme au déjeuner, parfois le matin au petit-déjeuner,au fur et à mesure ma toux a diminué, plus aucune brûlure d’estomac, tout va bien de ce côté. Dieu merci.

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  • Le RGO pouvant être associé à l’hypochlorhydrie ou à l’hyperchlorhydrie, il n’est pas surprenant que certains puissent être améliorés par le sel et d’autres aggravés. Le reflux ayant un caractère avant tout mécanique, c’est bien la pression abdominale excessive et chronique qui en est la cause principale. Nous devons donc travailler l’hygiène alimentaire, la qualité de la digestion, la proportion des fibres alimentaires, l’équilibre des bactéries de la flore intestinale (eubiose), etc. L’ail, puissant désinfectant intestinal aura ainsi vraisemblablement réduit la pression intra-abdominale d’Isabelle, en corrigeant une très probable dysbiose. Le sel courant (chlorure de sodium) étant acidifiant par ses ions chlorures, il ne pourra malheureusement constituer un bon remède de terrain. L’homme moderne regorgeant par ailleurs de sodium et manquant cruellement de potassium, ce sont bien sûr les végétaux dont il a surtout besoin en quantité supérieure. Ces végétaux qui apportent simultanément leurs fibres protectrices et qui, consommés régulièrement crus, apporteront potassium et saveur, de telle façon que “saler les aliments” devienne inutile. Consommons plutôt peu de sel et choisissons-le surtout complet et non raffiné. Il n’est pas un médicament !
    Ne confondons pas non plus l’action superficielle et “anti-symptomatique” d’un remède avec le travail de fond d’une vraie thérapeutique de terrain. A cet égard, il faut savoir que le RGO a tendance à être aggravé par l’acidose de l’organisme. Or, le sel de cuisine acidifie par ses chlorures. Donc, à moyen et long terme, peu de sel si l’on veut améliorer son terrain, mais plutôt des aliments alcalinisant le terrain : végétaux, surtout crus (si supportés au niveau intestinal), un peu de vinaigre de cidre de qualité bio, des aliments germés et lacto-fermentés (et oui, ils sont alcalinisant pour 95% d’entre nous). Tout converge en fait vers le végétal, même si le régime paléo est également très riche en potassium. Par contre, il est aussi très riche en végétaux.
    C’est le sel naturel des végétaux dont nous avons besoin, pas le chlorure de sodium. Non plus jamais en 2019 dans le monde occidental, même si l’on souffre de RGO !

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