Nutrition et santé

Le régime paléo se trompe : les hommes des cavernes consommaient bien des glucides

Régime paléo
Le régime paléo pauvre en glucides a attiré beaucoup de partisans, dont font partie le golfeur professionnel Phil Mickelson, l’acteur Matthew McConaughey et le candidat républicain Jeb Bush. Mais des experts débattent aujourd’hui sur la consommation des glucides par les hommes du Paléolithique.
Une étude de l’Université de Chicago, publiée en août 2015, suggère que la consommation de glucides, en particulier sous la forme de féculents se trouvant dans les racines et tubercules des plantes, tels que ceux présents dans les pommes de terres, a été essentielle à au développement du cerveau au cours des 3 derniers millions d’années. Plusieurs nutritionnistes pensent que cela constitue une preuve supplémentaire qu’une version moderne du régime paléo pauvre en glucides n’est pas la plus saine des alternatives.
Le but du régime paléo est de consommer les mêmes groupes d’aliments que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Leurs pratiques nutritionnelles de -2,6 million d’années à -10 000 ans ont aidé à former notre constitution génétique d’aujourd’hui. Ces aliments incluent les fruits, les légumes, les viandes issues d’animaux nourris à l’herbe, le poisson, les fruits de mer, les œufs de poules élevées en liberté, les noix et les graines. Le régime paléo déconseille la consommation fréquente de produits laitiers, de féculents et d’aliments transformés.
Malgré l’efficacité de ce régime moderne dans la perte de poids chez certaines personnes, les études montrent que ces aliments ne sont peut-être pas les seuls que nos ancêtres consommaient. L’étude conclut : « il est possible que la consommation de viande ait accéléré le développement de cerveaux plus larges, mais la consommation d’aliments cuits riches en féculents accompagnée d’une augmentation du nombre de gènes de l’amylase salivaire nous a aussi rendu plus intelligents ».
L’étude montre que dans le but d’avoir un régime qui soit réellement paléo, les féculents et des niveaux plus élevés de glucides sont nécessaires. Elle explique que le cerveau humain utilise environ un quart du budget énergétique du corps et environ 60% de la glycémie – un besoin énergétique auquel ne saurait répondre un régime faible en glucides. Une quantité plus importante de glucose était nécessaire pour la grossesse et l’allaitement. L’étude a aussi permis de prouver que les gènes codant pour les enzymes nécessaires à la digestion des féculents ont évolué il y a 1 million d’années, au milieu de l’ère paléolithique, et conseille un régime incluant un niveau significatif de féculents.
En conséquence, l’étude conclut que l’exclusion des féculents dans le régime paléo ne prend pas en compte le rôle qu’ils ont joué dans le développement du génome humain moderne.
L’étude conclut que “jusqu’à maintenant, l’attention s’est grandement focalisée sur le rôle des protéines animales dans le développement du cerveau humain au cours des 2 derniers millions d’années, et l’importance des glucides, en particulier sous la forme d’aliments riches en féculents, a été largement négligée”. Des chercheurs de l’Université de Chicago ont rassemblé des données archéologiques, anthropologiques, génétiques, physiologiques et anatomiques afin d’étudier la proéminence des glucides dans le régime des humains durant l’ère paléolithique.
Alors que les taux d’obésité augmentent, le marché de l’amaigrissement est devenu une industrie en pleine expansion. L’industrie du régime représentait un marché de 2,5 milliards de dollars en 2014, et selon l’entreprise de recherche IBISWorld, il devrait augmenter de 5,5% par an au cours des cinq prochaines années.
Le régime paléo, qui est cité pour la première fois en 1985 dans un article publié dans le journal « New England Journal of Medicine », a suscité beaucoup d’intérêt ces dernières années. Les recherches Google comprenant le terme « régime paléo » ont augmenté de façon constante entre 2009 et 2012 et ont atteint leur pic en 2013 – « l’année du Paléo » suite à la prolifération de livres, blogs et recettes en ligne. Avec des partisans politiciens et athlètes professionnels, le régime a réussi à maintenir sa popularité.
Les experts du régime paléo, cependant, ne sont pas convaincus par les résultats de l’étude. Dans une interview, Arthur De Vany, l’auteur du livre “The New Evolution Diet : What Our Paleolithic Ancestors Can Teach Us about Weight Loss, Fitness, and Aging”, explique que « les féculents sont des aliments de famine et n’ont pas leur place dans le régime moderne censé nous sauver de l’énorme flux constant de glucose et d’amidons simples dans notre monde moderne ». De Vany n’est pas d’accord avec le rôle donné aux amidons et aux féculents dans l’étude. Il explique que les fruits de mer et d’autres proies ont constitué la clé au développement rapide du cerveau et à l’encéphalisation.
Source : Kathleen BURKE dans un article de Marketwatch.
Traduction : Pauline CYGANKIEWICZ.

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Point d'interrogationMon avis sur le régime paléo

Si je partage l’intention de recourir le moins possible aux aliments transformés gras et sucrés, je comprends moins la préconisation d’éviter ces trésors nutritifs que représentent les légumineuses sous prétexte qu’elles n’étaient pas consommées par nos ancêtres, avant l’apparition de l’agriculture, il y a 10.000 ans.
Quelle erreur, jugez-vous même en lisant cet article “Les légumineuses, nos vraies amies pour la vie ».
Le désintérêt pour les légumineuses est lié à l’évolution des habitudes alimentaires et des goûts des consommateurs.
En effet, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, dont le siège est à Rome) :

La consommation de légumineuses a connu une baisse lente mais régulière aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. En revanche, la consommation de produits laitiers et de viande a augmenté, et devrait continuer d’augmenter encore de manière significative. Aucun changement majeur n’est prévu concernant la consommation de légumineuses par habitant, la moyenne mondiale devrait se maintenir à environ 7 kg/personne/an.
Alors, pourquoi les légumineuses ne rencontrent-elles pas le même succès que les autres cultures? La réponse réside en partie dans l’évolution des habitudes alimentaires et des goûts des consommateurs. À mesure que les pays s’enrichissent, les populations délaissent les protéines végétales pour consommer des sources de protéines plus chères comme les produits laitiers et la viande.

Source : http://www.fao.org/pulses-2016/news/news-detail/fr/c/381532/
L’année 2016 est déclarée “Année internationale des légumineuses” par la FAO.

C’est le moment de les (re)découvrir ! 
Portez-vous bien !
 Florian KAPLAR
© Naturo-Passion.com

8 réflexions sur “Le régime paléo se trompe : les hommes des cavernes consommaient bien des glucides

  • Bonjour,
    A voir ce qu’on met dans les aliments apportant des glucides. Dans l’ère préhistorique, les apports de glucides venaient des racines (genre carottes par ex) et les fruits évidemment, plutôt que les céréales et légumineuses (récentes dans l’alimentation).
    Pourquoi? Parce que bien que l’humain connaissait le feu, il lui servait essentiellement à se chauffer et s’éclairer, et non à cuire comme le mythe voudrait le faire croire. La cuisson est récente (proto histoire, et surtout néolithique) tout comme l’alimentation avec céréales et légumineuse, car celles-ci sont difficiles à manger crues. On sait par ailleurs que les caries dentaires ainsi que nombre de maladies sont apparues avec l’agriculture et la cuisson (au néolithique).
    Le régime paléo est intéressant si on ne néglige pas tous les aliments nutritifs en glucides autres que céréales et légumineuses.
    Pour ma part celles-ci ne sont pas à proscrire, mais à limiter, car encrassantes pour l’organisme. Aucun régime strict ne sera parfait, il faut savoir s’écouter instinctivement d’une part, et essayer d’avoir une compréhension globale sur les points de vue des différents régimes.
    L’histoire de l’alimentation, avec d’abord un régime essentiellement frugivore par ex, puis se diversifiant peu à peu sur des centaines de milliers d’années nous donne une autre perspective.
    L’apparition des céréales et légumineuses est donc très récente du point de vue de l’évolution, de même que la cuisson qui élimine vitamines et enzymes. Quand aux produits laitiers, et encore plus les produits sucrés et salés c’est tout récent. La malbouffe industrielle (raffinée, chimique, polluée) on n’en parle pas, c’est la dernière seconde sur l’histoire de l’alimentation humaine, mais on en voit déjà les méfaits désastreux (associés bien sûr à d’autres pollutions, mais celle-ci on en est responsable en tout cas, de même que le mode de vie) : de plus en plus de personnes ont de plus en plus d’allergies de plus en plus jeunes. On assiste à une véritable dégénérescence de la santé et du corps humain.

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  • Je suis depuis bien longtemps persuadée que l’alimentation Paléo était sans aucun doute AUSSI issue de produits cuits… Le feu existait déjà …qui servait à se chauffer, s’éclairer dans les cavernes profondes…y dessiner grâce à des charbon entre autres…Le frottement des pierres pour fabriquer des outils coupants leur ont montré fatalement le “chemin” du feu…
    Je trouve vraiment très naïf de bloquer sur le fait que l’homme et la femme paléo n’aient pas eut la curiosité de griller…puis cuire dans de l’eau…

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  • Bonjour Florian,
    Ayant étudié pas mal de différents modes alimentaires j’en suis arrivé à la conclusion que l’ailimentation est quelques chose de tout à fait individuel. Par contre ce que j’estime être l’une des clés d’une bonne alimentation c’est de s’abstenir des produits transformés et trans et de beaucoup limiter nos apports en hydrates de carbones, en particulier les sucres raffinés, mais également les protéines animales. Les aliments facto-fermentés sont un trésor pour notre santé.
    Amicalement.
    Richard.

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  • Gabriela

    Bonjour Florian,
    Avez-vous entendu parler du régime du Docteur Jean Seignalet et du régime du Docteur Kousmine ? Deux régimes basés sur une alimentation plutôt paléo avec cuisson douce et pour Seignalet avec éviction totale des céréales et notamment du blé cuit “véritable monstre” du fait de protéines mutées et même chose pour le maïs. Il préconise le riz, le sarrasin. Pour lui, le danger dans les céréales provient des protéines mutées et cuites responsables de favoriser le lit de la maladie. Par contre, sur les glucides il estime qu’elles sont inoffensives. De même, le lait de vache est considéré comme redoutable. Je suis végétarienne depuis plus d’un an tendance végétalienne intolérante au lait et au… gluten (fatigue du corps quand j’en consomme). Par contre, je mange des légumineuses en petites quantités et je tolère très bien le soja aliment très digeste. J’évite le sucre. Et les aliments lacto-fermentés oui sont un trésor. Donc un régime alimentaire devrait plutôt être adapté en fonction du métabolisme individuel et il faut être à l’écoute de son corps (la viande je m’en passe sans problème et même l’odeur me devient insupportable idem le poisson mais j’en consomme tout de même un peu + des oeufs parfois mais de plus en plus rarement). J’évite la cuisson trop élevée des aliments. Donc le régime strictement paléo ne me semble pas non plus l’idéal surtout si on consomme beaucoup de protéines animales.
    Amicalement.
    Gabriela.

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    • Pour ma part, si je partage la recommandation d’éviter les produits fortement transformés par l’industrie, je trouve toujours aussi étonnant et désarmant de vouloir bannir certains aliments comme les légumineuses sous prétexte qu’ils sont le résultat de la main de l’homme, depuis l’avènement de l’agriculture il y a 10.000 ans.
      Comme le dit Luc-Alain Giraldeau, chercheur canadien à l’université du Québec à Montréal (UQAM), cité par Pierre Barthélémy dans un article publié sur le site lemonde.fr : au paléolithique « il n’y avait pas d’oranges ; les bananes étaient si petites et remplies de tant de graines qu’elles nous paraîtraient aujourd’hui non comestibles. (…) Les tubercules comme les carottes et les pommes de terre étaient petits, durs et souvent bourrés de toxines. Même l’ancêtre de la laitue contenait du latex toxique ; ses feuilles étaient dures et portaient des épines. Le brocoli et les choux (chou de Bruxelles, chou-fleur, chou frisé, chou-rave) sont encore des variétés créées par l’homme moderne à partir d’une même espèce de plante (Brassica). Les amandes et les abricots, deux aliments phares du régime paléo, sont issus de proches parents, mais les deux sont le résultat de manipulations par l’homme moderne, par croisement et sélection : l’amande a été modifiée pour éliminer le cyanure de son noyau, et l’abricot pour accroître la quantité de chair autour de son noyau. »
      Et Pierre Barthélémy de conclure : « L’objectif de ce billet n’est pas de dire que le régime « paléo » est stupide ni de faire changer d’avis ceux qui le suivent. Ils sont libres de manger ce qu’ils veulent. Simplement, qu’ils n’essaient pas d’embrigader la science ni la nature dans leur choix. »
      Source : http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2016/10/09/les-arguments-pseudo-scientifiques-du-regime-paleo/

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  • Françoise

    Je me régale avec vos articles et les commentaires des lecteurs………….MERCI à tous.

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  • Chacun tire dans son sens, dans les extrêmes, alors que l’alimentation devrait être enrobée de bon sens, de modération, de personnalisation, tout excès est nocif…Cela dit, je pense qu’il ne faudrait pas confondre féculents et céréales, et encore moins blé moderne, et les paléo s’inspire de l’homme originel tout en intégrant l’évolution biologique et sociale, il ne devrait pas être question d’évictions sectaires, sauf allergie…Il me parait pourtant évident que tout ce qui est fabriqué de manière intensive et industrielle ne peut pas être naturellement bon pour nous ni pour la planète…
    Si on essayait au maximum de manger bio, local, frais, de saison et équilibrer les protéines, glucides, lipides de qualité comme il se doit, tout irait déjà mieux dans le meilleur de mondes…..:-)

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