Le lait de vache aggrave bien les symptômes du rhume, pas le lait de soja
On a longtemps pensé que c’était un mythe, une croyance fortement ancrée : le lait de vache n’augmentait pas la sécrétion de mucus, cette substance visqueuse qui nous aide à expulser poussières et microbes et qui parfois encombre nos sinus et nos bronches.
Et bien que de nombreuses personnes aient constaté personnellement que l’arrêt du lait de vache améliorait leur confort, il leur était répété inlassablement : c’est faux, il n’y a aucun fondement médical. En bref, vous vous trompiez, c’était juste parce que le lait a une texture épaisse et veloutée, qu’il enduit la gorge et donne cette impression désagréable… Une étude parue dans la revue Laryngoscope en septembre 2018 vient pour la première fois d’établir l’hypothèse selon laquelle le lait aggrave bien les symptômes des états grippaux par une production accrue de mucus.
Les chercheurs ont même déclaré que les résultats formaient pour eux une surprise totale, car ils s’attendaient à démystifier le lien tenace perçu dans la population entre la consommation de produits laitiers et la production de mucus.
“J’étais sceptique et je ne croyais pas que c’était vrai” a confié Adam Frosh, l’un des responsables de l’étude.
Qu’ont-ils constaté ?
108 personnes malades, 26 hommes et 82 femmes, souffrant de fortes sécrétions de mucus ont été réparties en deux groupes et ont été suivies pendant une semaine. Les 3 premiers jours, elles ont arrêté de consommer des produits laitiers et ont constaté une diminution sensible de la production de mucus. On a ensuite donné 350 mL de lait de vache au premier groupe (“Dairy”) et la même quantité de lait de soja au deuxième groupe (“Placebo”). Les goûts des laits ont été modifiés pour que les participants ne puissent identifier le type de lait consommé.
Comme on peut le voir sur ce graphique, le groupe de personnes qui a consommé du lait de vache a vu le bénéfice apporté par l’exclusion des laitages les 3 premiers jours complètement réduit à néant, puisqu’au 7ème jour il avait quasiment retrouvé l’état initial des sécrétions de mucus.
En revanche, les malades qui ont consommé du lait de soja ont vu leurs symptômes largement améliorés.
Bien entendu, d’autres études sont nécessaires pour rendre cette hypothèse plus solide. Mais de l’aveu même d’Adam Frosh :
“Il est raisonnable de conclure que quiconque sentant que le lait augmente sa production de mucus devrait envisager de réduire sa consommation de produits laitiers pour voir si cela améliore ses symptômes”.
Une idée qui n’est pas nouvelle
Moses Maimonides (illustration), médecin juif du 12ème siècle, avait associé la consommation de lait avec de potentielles exacerbations de l’asthme.
La médecine traditionnelle chinoise considère aussi que le lait augmente la production de mucus et conseille d’éviter d’en consommer.
Plus récemment, le Dr Benjamin Spock, pédiatre américain suggérait dans son best-seller vendu à plus de 50 millions d’exemplaire, “Comment soigner et éduquer son enfant”, que les problèmes respiratoires dont l’asthme étaient aggravés par la consommation de lait qu’il convenait donc d’exclure de l’alimentation.
A vous de tester ce qui vous convient, tout en suivant les conseils d’un professionnel de santé.
Ta position autour du soja est intéressante voire courageuse, bravo ! Je n’ai pas suivi le débat, mais j’ai été stupéfaite lorsque ce produit auparavant porté aux nues est devenu la cause de tous les maux. Je me suis alors demandé s’il s’agissait d’une forme de propagande du grand lobby laitier (qui sait ?!) ou celui de l’amande (qui grandit, grandit) qui à l’aide d’études tendancieuses porteraient un coup fatal à leur rival le soja.
Je me suis interrogée sur la place de la qualité du soja dans cette controverse – soja parfaitement bio ou arrosé/inoculé de pesticides ?/OGM ou pas ?-. En lisant certains de tes billets, j’en viendrais à croire que la première hypothèse pourrait être la bonne. Merci pour ton approche différente sur ce sujet.