Phytothérapie

L’ortie, notre amie !

Ortie notre amie
L’ortie, très prisée en phytothérapie, est un végétal qui n’a pas fini de vous surprendre bien que de nos jours, il n’en ait plus guère la renommée, c’est le moins qu’on puisse dire, et pourtant…
Heureusement, tout cela est en train de changer. Avec l’ortie, un monde nouveau s’ouvre à vous !
Laissez-vous émerveiller…
Je vous (re)partage le récit ordinaire d’une journée d’octobre 2013 avec les enfants dans ma campagne haut-marnaise, loin du tumulte de la vie parisienne. Malgré la grisaille, nous avons chaussé nos bottes, enfilé nos cirés et sommes partis faire une belle balade dans la nature.
Les enfants étaient ravis : ils ont pu “jouer” avec quelques escargots qui les émerveillent tant à chaque fois avec leurs grandes cornes ; ils examinaient d’un œil curieux les nombreuses limaces orangées ou brunes qui jonchaient les bords du chemin de promenade, se demandant pourquoi les limaces n’avaient pas elles aussi une maison sur leur dos !

Chemin faisant, je constatais à quel point la végétation était encore bien verte pour la saison, lorsque soudain, dans une très belle clairière, nous sommes tombés sur un magnifique parterre d’orties, fièrement dressées au vent. Ah l’ortie, cette plante mal-aimée, considérée comme une mauvaise herbe à éliminer coûte que coûte. Les jardiniers connaisseurs l’apprécient pourtant depuis des générations pour sa grande valeur, puisque cette plante leur permet de fabriquer le fameux purin d’ortie qui constitue à la fois un engrais, un fongicide et un insecticide naturels. L’ortie leur est si utile qu’on a même voulu faire interdire le purin, avant que le ministère de l’agriculture, devant le ridicule de la situation, ne se ravise et le considère finalement comme une simple « préparation naturelle peu préoccupante », ouf (voir l’actualité sur le purin d’ortie en fin d’article)…
L’ortie n’est pas seulement utile aux jardiniers, on l’apprécie tout autant en phytothérapie qu’en cuisine !
L’ortie est un végétal « multi-cartes », on peut la consommer crue comme cuite, en soupe, en quiche, en tisane, ou même en pesto, hummm. Elle convient tout particulièrement aux végétariens (et aux autres aussi !) du fait de sa richesse en protéines, en minéraux et en vitamines.
Parmi ses vertus bienfaisantes, elle assainit la flore intestinale et joue un rôle essentiel dans le transport du fer et l’oxygénation cérébrale. Riche en vitamines, minéraux et acides aminés, on dit d’elle qu’elle est reminéralisante, stimulante et anti-asthénique.
Qui aurait cru que ce végétal tant honni depuis l’enfance à cause de ses mémorables piqûres, puisse se manger ? Ma fille aînée s’en souvient encore, lorsqu’en apprenant à faire du vélo sans les petites roulettes, elle s’était retrouvée en pleurs au milieu des orties sur le bord d’un chemin. Elle n’est pas rancunière (ou peut-être qu’elle tient là sa revanche…) puisque malgré l’appréhension qu’elle a comme tous les enfants au sujet des orties, nous avons décidé de nous préparer une soupe aux orties fraîches. Allez les enfants : mettez vos gants, prenez vos paniers, nous allons cueillir des orties pour les manger ! N’oubliez pas que les jeunes feuilles sont les plus intéressantes car les plus nutritives.
Voici donc une recette improvisée de soupe avec notre récolte de feuilles d’orties fraîchement cueillies :

  • Ne conservez que les jeunes pousses desquelles vous enlèverez la tige (utilisez des gants et une paire de ciseaux).
  • Pour l’équivalent d’un saladier de feuilles d’orties, rincées et essorées, vous mettez 3 ou 4 pommes de terre, un oignon, de l’ail, du sel, du poivre 5 baies et les herbes ou aromates que vous aimez (pour cette recette, j’ai mis : 2 feuilles de laurier, 1/2 cuillère à café de curcuma, 1/2 cuillère à café de paprika, 1/2 cuillère à café de cannelle en poudre).
  • Afin de préserver leur qualité nutritionnelles, il convient de ne pas trop cuire les feuilles orties. Aussi, cuisez d’abord à feu moyen les autres ingrédients dans un à deux litres d’eau, pendant une quinzaine de minutes puis ajoutez les feuilles d’orties et prolongez la cuisson pendant 10 minutes.
  • Mixez, servez. Pour cette fois, j’avais ajouté au dessus de la soupe bien chaude, du gomasio (généreusement, les enfants adorent) et un peu d’huile d’argan qui parfume agréablement la soupe.
  • Bon Appétit !

Nous aurons bien sûr l’occasion de reparler d’autres fois de l’ortie (saviez-vous par exemple qu’une infusion d’ortie peut soigner l’acné ?) mais avant de nous quitter, je voulais partager avec vous ce poème parlant notamment de l’ortie écrit par Victor Hugo (in « Les Contemplations ») :
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ;
Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guet-apens ;
Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;
Ô sort ! fatals nœuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux ;
Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit…
Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal !
Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser,
Pour peu qu’on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !
Voyez vous toujours l’ortie du même œil ?
NB : un grand merci à Yves Tissier pour son formidable livre sur l’ortie : Les vertus de l’ortie.
Les vertus de l'ortie
Je vous invite à découvrir son blog Urticamania et notamment cet article d’avril 2016 qui fait le point sur le décret d’application légalisant le purin d’ortie, attendu depuis 2014…
Et pour les jardiniers qui veulent en savoir plus sur ce fameux purin d’ortie :
Purin d'ortie
Portez-vous bien !
 Florian KAPLAR
© Naturo-Passion.com

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